2005, de l’oubli… à la Mémoire !

En 2005, lors de la Journée Nationale du Souvenir de la Déportation, le Président de la République a reconnu dans son discours à la Nation, la déportation d'homosexuel/les français dans les camps nazis.

Ce même jour, l'association Les "Oublié(e)s" de la Mémoire a participé officiellement au dépôt de la gerbe unique dans la crypte du Mémorial national de la Déportation sur l'Ile de la Cité à PARIS comme elle le fait depuis 2003 lors des cérémonies officielles de Marseille.

Début novembre, l'association fût invitée par le Président de la République à l'inauguration du Centre Européen du Déporté Résistant au Camp du Struthof, en tant que seule association nationale de mémoire de la déportation homosexuelle, reconnue par le Ministère des Anciens Combattants.

Fin novembre disparaissait notre "Témoin de l'Histoire", Pierre SEEL - déporté politique français, seul à avoir témoigné sur le motif de sa déportation (début des années 1980) : l'homosexualité. Il s'est éteint dans l'espérance que le devoir de mémoire ne s'oublie pas avec lui.

2006 est là et le devoir de mémoire continue !

Les "Oublié(e)s" de la Mémoire sont admis au Comité de La Flamme sous l'Arc de Triomphe.

Notre association, vendredi 31 mars 2006, procèdera, avec d'autres associations, au ravivage de la Flamme du Souvenir. Lors de cette cérémonie, au cours de laquelle la chorale MELO'MEN interprètera le "Chant des Marais", un dépôt de gerbe en mémoire de Pierre SEEL, ouvrira le cortège d'hommages qui lui seront rendus cette année.

Le 18 janvier dernier, le Parlement Européen votait une résolution sur l'homophobie en Europe dont voici un extrait : "Le Parlement invite tous les États membres concernés à enfin reconnaître pleinement que les homosexuels ont figuré parmi les cibles et les victimes du régime nazi."

Dans le même temps, Le Gouvernement français, dans le paragraphe de la Loi de Finances 2006 consacré aux Anciens Combattants, mémoire et liens avec la Nation (Art.124), ouvre la reconnaissance du partenaire lié par un pacte civil de solidarité (PaCS). En effet il bénéficie des mêmes droits aux pensions d'invalidité et est soumis aux mêmes obligations que le conjoint cité dans le Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre (Art. L 1ter).

Ces avancées n'empêcheront pas de regretter, même si cela était prévisible, que Pierre SEEL ne puisse obtenir la Légion d'Honneur ou l'Ordre National du Mérite à titre posthume.

Les " Oublié(e)s " de la Mémoire ont adressé peu de temps après son décès une demande officielle à la Présidence de la République, pour qu'il obtienne une de ces deux distinctions. En retour nous avons reçu une réponse négative, argumentée sur le fait que, depuis un décret de 1962, auquel même le Président de la République ne peut déroger, une telle décoration n'est décernée à titre posthume que pour les personnes victimes du devoir.

Rappelons aussi que jusqu'à présent les personnes qui comme Pierre SEEL ont été "malgré nous" n'ont fait l'objet que d'une reconnaissance récente dont la seule forme est l'attribution du statut de victimes de guerre.

En 2006, l' association Les " Oublié(e)s " de la Mémoire continuera à agir pour :

  • une harmonisation des cérémonies sur le territoire national et la reconnaissance explicite de tous les motifs de déportation ;
  • la poursuite de la relance des recherches historiques, sur la déportation homosexuelle et notamment l'accès aux archives de Police en Alsace-Lorraine - la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, rencontre toujours des difficultés d'accès à "toutes les archives du monde combattant comme des Archives de France" - ;
  • pour la pose d'une plaque en hommage national aux déporté/es homosexuel/les dans le Camp du Struthof ;
  • pour l'apposition d'une plaque commémorative dans chaque grande ville de France pour symboliser " Notre Souvenir à toutes et tous nos "Oublié(e)s".

Non, le devoir de mémoire ne s'est pas éteint avec Pierre SEEL. Le travail continue dans le respect des "témoins de l'Histoire" pour que nul n'oublie !