Les "Oublié(e)s" de la Mémoire Association Nationale Civile Homosexuelle du Devoir de Mémoire, officiellement reconnue par les institutions, a été invitée à prendre part aux Cérémonies de la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation pour porter et représenter le souvenir de la déportation pour motif d’homosexualité.
L’association salue les prises de positions des Déportés dans leur discours annuel lors de cette journée qui nous a rappelé qu’ « …en ces temps d'incertitude, les Déportés invitent donc leurs concitoyens à se garder des idéologies de l'exclusion et du nationalisme dominateur qui furent le fondement de cette idéologie perverse…».
La déportation de Français pour motif d’homosexualité est aujourd’hui une réalité historique reconnue depuis 2001 par les plus hautes autorités de l'État. Il est donc légitime que la mémoire de cette déportation soit honorée comme les autres lors des commémorations de la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation. Malheureusement, il arrive que dans certaines villes de France elle soit encore contestée et écartée.
Certes, il s'agit parfois de l'expression d'une certaine homophobie et si elle est avérée, elle est bien sûr condamnable. Mais les associations LGBTI (lesbiennes, gaies, bi, trans et inter- sexes), qui observent, depuis plus de 20 ans, des réticences et des oppositions de la part des associations d’anciens combattants et déportés se sont-elles jamais posées la question de savoir quelles pouvaient être les autres raisons motivant ces réactions ? Est-il encore efficace de continuer à vouloir toujours procéder à un dépôt de gerbe spécifique, lors de cette Journée ?
Notre association, par la présence régulière et officielle de ses délégations et de ses portes-drapeaux, a su montrer, depuis 2003, son attachement au devoir de mémoire et sa solidarité de mémoire. Cette année encore nous avons pris la place qui nous a été donnée, en respectant le protocole, avec le soutien et le respect des associations mémorielles ainsi que des institutions publiques.
C'est par ces moyens plutôt que par la confrontation et le dépôt des gerbes distinctes que nous arrivons dans toutes nos délégations régionales (Alsace, Languedoc-Rousillon, Midi-Pyrénées et Paris) à obtenir l’acceptation de la part des associations de Déportation, pour l’achat de la gerbe commune déposée en hommage à « tous les Déportés ».
Pour autant rien n'interdit un dépôt de gerbe distincte, soit à l'occasion de cérémonies organisées par les associations LGBTI ou dans des hauts-lieux de souvenir nationaux lorsque l'occasion s'y prête.
Ainsi, notre association, invitée officielle à la Cérémonie Nationale du Souvenir le 21 juin prochain à l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Alsace), déposera pour la première fois une gerbe au Mémorial de la Déportation, au même titre que les autres associations porteuses d'une mémoire spécifique.
À l'heure où le négationnisme et le rejet de l'autre poursuivent leur chemin et les actes LGBTphobes se généralisent, il appartient à toutes les associations LGBTI désireuses de voir reconnaître la déportation pour motif d'homosexualité de rechercher le dialogue au quotidien avec les autres associations de victimes de la Seconde Guerre Mondiale. En sachant écouter et transmettre leurs témoignages, nous arrivons à transmettre celui de ceux dont nous portons la mémoire. Ainsi, nous évitons de nous inscrire dans une logique de catégorisation propice aux confrontations observées dans certaines villes.