À bientôt, 98 ans, Rudolf Brazda est le dernier survivant connu de la déportation pour motif d'homosexualité. Il habite en France depuis mai 1945, à l'issue de son incarcération concentrationnaire.
C'est avec beaucoup de joie que Les "Oublié-e-s" de la Mémoire - Association Civile Homosexuelle du Devoir de Mémoire - accueillons la nouvelle de sa nomination au grade de Chevalier dans l'Ordre national de la Légion d'Honneur. Son nom apparaît dans le Journal Officiel en date d'aujourd'hui, 24 avril, jour doublement symbolique : les hasards du calendrier ont voulu cette année que la promotion de Pâques coïncide avec la Journée nationale du Souvenir des Héros et Victimes de la Déportation ; mais c'est aussi le jour où, il y a 66 ans, Rudolf quittait le camp de concentration de Buchenwald, libéré deux semaines plus tôt, pour se rendre en France où il allait s'établir définitivement.
La demande de décoration, initiée l'an passé, a été faite conjointement par M. Jean-Luc Roméro et par les Éditions Florent Massot qui ont publié sa biographie. Appuyée par notre association, une municipalité des Hauts-de-Seine, ainsi que de hautes personnalités, elles-mêmes déportées, l'attribution de la plus haute distinction française marque un pas supplémentaire dans la reconnaissance par la nation de la déportation homosexuelle. Elle récompense notamment l'engagement pris par Rudolf, membre Témoin de l'Histoire de notre association, à s'exprimer publiquement sur son vécu, dans les média, mais aussi auprès du grand public et des jeunes générations en particulier, tant en France, qu'à l'étranger (en Allemagne, en Suisse, ou encore au Brésil où sa biographie vient tout juste d'être traduite et publiée).