Fort de Breendonk, camp d’internement nazi en territoire belge.

Nos membres de l'Aisne accompagnent une délégation de la FNDIRP et des scolaires en voyage mémoriel.

Reportage (texte et photos) : Jean-Marc RIDET

C'est invités par la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés, Internés et Résistants Patriotes) qu'Alain Debrus, vice président, et moi-même nous sommes rendus au Fort de Breendonk en Belgique, le 3 octobre 2012. Tout comme Royallieu, cet édifice militaire sera utilisé comme camp de rassemblement et de transit pour les personnes que l'occupant nazi enverra ensuite dans les camps de concentration, mais aussi comme camp d'internement et de répression.

Notre visite au cours de laquelle nous avons accompagné un groupe d'élèves de seconde et leurs professeurs guidés par une femme aux commentaires des plus explicites nous a fait voir et comprendre le sort subi par les prisonniers, de l'accueil aux dortoirs, en passant par les cellules et salle de torture. Notre pérégrination dans le lieu s'achève sur la "place des exécutions" avec une émouvante cérémonie devant des élèves recueillis, dignes et émus.

Les représentant de la FNDIRP et notre Vice Président ont déposé une gerbe au milieu des autres déposées quelques jours plus tôt par la famille royale de Belgique et toutes les associations de résistants et déportés de Belgique ainsi que des représentants du Royaume-Uni et du Consulat de France.

Si notre guide n'a pu nous confirmer la présence dans ce camp à un moment ou un autre de prisonniers pour motif d'homosexualité, elle nous a incité à faire des recherches dans ce sens.

Pour nous deux, cette journée a été riche d'enseignements et d'émotions. Ce camp remarquablement conservé est un lieu où l'on peut ressentir à tout moment, la présence et les souffrances endurées par les prisonniers.

Histoire du lieu

Ce fort construit entre 1906 et 1914 pour défendre le port d'Anvers a été occupé par les troupes allemandes dès le début de la 1ère Guerre mondiale. Entre les deux guerres, il a servi de caserne pour les troupes Belges.
En septembre 1940, les troupes allemandes ont de nouveau occupé le fort et l'ont vite transformé en camp de prisonniers. Si dès le début, les juifs représentent plus de la moitié des prisonniers, à partir de 1942 la population carcérale est constituée principalement de prisonniers politiques et résistants provenant de Belgique et du nord de la France (région Lilloise et nord de l'Aisne). Avant 1942, les juifs étaient envoyés "vers l'Est" c'est à dire les camps d'Allemagne, de Pologne et d'Autriche, voire même libérés !

Breendonk sera utilisé pour briser les hommes, tant mentalement que physiquement. Dans ce but, le SS-Stumbannfurher (Major-SS) Philipp Schmitt fait déplacer les 250 000 m3 de terre qui couvraient le fort, à l'origine enterré. Ce travail de force n'avait d'autre que de "casser" les détenus, moralement et surtout physiquement. Les SS n'hésitant pas à faire mettre les hommes torse nu en plein hiver ou de leur faire porter des sacs à dos allant jusqu'à 40 kg pour travailler pendant 8 à 10 heures par jour.

Si initialement le camp est gardé par les Allemands, la Wachtgruppe du SD (troupe de surveillance du Sicherheitsdienst) arrive en renfort en septembre 1941. Elle est essentiellement constituée de nazis flamands.

En novembre 1942 le Fort fait, aussi, office de "réserve d'otages" qui seront fusillés ou pendus en guise de représailles pour les attentats de la résistance.

Dans ce camp où les animaux avaient tous un nom, les prisonniers, eux, n'étaient que des numéros...

C'est en 1947 que le camp, libéré en 1944, est devenu un Mémorial National.

Plus d'informations : http://www.breendonk.be/