Bonjour,
Tout d’abord je tiens à remercier les organisateurs de cette commémoration de nous avoir invités. Le Parti Communiste s’associe sans réserve à cet hommage rendu aux victimes homosexuelles de la déportation. Chaque fois que nous le pouvons, nous répondons présent pour agir au coté de celles et ceux qui luttent pour l’émancipation humaine.
Parler d’homosexualité n’est pas chose facile aujourd’hui encore. Parler de la déportation des homosexuels est encore plus difficile. Pendant longtemps leur calvaire fut occulté par la mémoire officielle ; eux même n’osant pas parler de peur d’être rejetés par la société. Même si les plus hautes autorités de la république française reconnaissent solennellement cette tragédie il y a encore du chemin à parcourir avant que l’ensemble de la population ne soit consciente que des milliers d’hommes et de femmes en Europe furent persécutés, torturé et assassiné uniquement à cause de leurs amours. La conscience collective garde en mémoire, à juste raison, la déportation et l’extermination des juifs, des tziganes, des résistants, des communistes, mais elle oubli souvent d’y associer les homosexuels.
En préparant cette intervention je me suis replongé dans mes études d’histoires et notamment dans les discours du chef Nazi Himmler, le concepteur des camps de la mort. Celui-i parle d’une soi-disante faiblesse des homosexuels, de leur lâcheté, alors qu’en fait c’est tout l’inverse. Dans les camps il leur a fallu énormément de force et de courage pour endurer les humiliations, les travaux forcés et pour affronter leur propre mort.
Pierre Seel, cet alsacien déporté au camps de Schirmeck à l’age de 17 ans le 2 mai 1941 et décédé le 25 novembre 2005 à Toulouse raconte dans son livre la barbarie des Nazis « Dans les camps dit il, les homosexuels étaient soumis aux même privations, aux brutalités, au travail forcé, aux expériences médicales, mais le triangle rose qu’ils portaient les soumettaient au mépris et à des vexations plus graves. Certain furent ainsi livré aux chiens des SS qui les dévorèrent devant les autres déportés. »
Une fois les camps libérés, la guerre fini, les survivants sont rentrés chez eux et ont tenté de reprendre goût à la vie, mais songeons que les homosexuels eux ne sont jamais sortis de cet enfermement ; interdit par la loi, tabassé, exclu des cellules de mon propre parti ils ont vécu marginalisé ou caché, gardant à tous jamais pour eux leurs multiples souffrances. Je pense qu’il ne serait que justice d’élever ces déportés au titre de martyrs avec tous ceux qui ont souffert. Ne pourrait t’on pas par exemple baptiser une rue ou un espace public de Toulouse du nom de Pierre Seel symbole de la déportation des homosexuels ?
On parle souvent par commodité de langage des victimes masculines mais il faut ne pas oublier que les Lesbiennes furent également persécutées. Bien qu’elles n’étaient pas concernées par la paragraphe 175 du code pénal allemand elles étaient accusées d’être des filles de mauvaise vie, des femmes trop indépendantes qui ne faisaient pas d’enfant. Dans les camps elles portaient le triangle noir des asociaux.
Enfin, pour conclure permettez-moi de parler d’un sujet qui me tient à cœur. Il serait indécent comme représentant du Parti Communiste Français que je n’évoque pas le sort des homosexuels sous le régime stalinien en URSS. Il faut bien reconnaître qu’au XX siècle la cruauté n’a pas eu de frontière. A l’Est ce sont entre 300000 et 400000 personnes qui ont été condamnés parfois interné dans les goulags au prétexte de déviance morale et désordres psychiatriques. Dans les pays de tradition stalinienne, leur persécution a été systématique. C’est encore le cas aujourd’hui en Corée du nord et à Cuba. Ne les oublions pas. Le Parti Communiste Français entend bien rester vigilant concernant les droits de l’homme et continuera à promouvoir un nouveau modèle de société basée sur la justice, la partage et la fraternité.
Merci de votre attention.