Plus de soixante-cinq ans après l'Holocauste, la chancelière allemande, Angela Merkel, inaugure, mercredi 24 octobre, à Berlin, le mémorial aux Tziganes victimes du nazisme alors qu'ils subissent toujours racisme et discrimination dans de nombreux pays d'Europe.
Près de 500 000 Sinti et Roms d'Europe, considérés comme "racialement inférieurs", ont été assassinés sous le IIIe Reich, selon des estimations officielles. Situé face au Parlement allemand, le mémorial aux Sinti et Roms, conçu par l'artiste israélien Dani Karavan, est constitué d'un puits avec au centre une stèle sur laquelle repose chaque jour une fleur fraîchement cueillie. Il est installé à proximité de celui consacré aux victimes de la Shoah et de celui dédié aux homosexuels tués par les nazis.
"L'Holocauste contre les Roms – ou 'Porajmos' qui signifie littéralement 'dévorer' – a longtemps été nié et n'a pas fait l'objet de recherches historiques, non seulement en Allemagne, mais aussi dans d'autres pays, comme la France de Vichy ou les pays d'Europe de l'est qui ont participé aux persécutions", estime l'historien Wolfgang Wippermann de l'Université libre de Berlin. "Contrairement aux Juifs, que les nazis retrouvaient par leur religion, les Roms, catholiques pour la plupart, n'étaient pas forcément identifiables par rapport aux autres citoyens", explique Romani Rose, président du Conseil central allemand des Sinti et Roms.
Reconnaissance tardive
Pour y remédier, des "chercheurs raciaux" de l'Allemagne nazie ont enregistré toute une série de caractéristiques et établi des généalogies remontant parfois jusqu'au XVIe siècle pour détecter un "ancêtre tzigane", afin d'envoyer en camps les "sangs-mêlés". A Auschwitz ou Ravensbrück, ils ont servi de cobayes pour des expériences médicales.
La RFA n'a reconnu officiellement qu'en 1982 ce génocide, avec un geste du chancelier Helmut Schmidt. Et en 1997, le président Roman Herzog a souligné pour la première fois qu'il avait le même motif raciste et avait été perpétré par les nazis avec la même résolution et le même volonté que l'extermination des Juifs.
Actuellement, 11 millions de Tziganes vivent sur le continent européen, dont sept millions dans l'UE, la plupart en Europe centrale et du sud-est, en Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Slovaquie. La plus grande minorité ethnique d'Europe est aussi la plus pauvre, subissant toujours discriminations et racisme. M. Rose dénonce notamment leur situation en Roumanie – où ils ont été affranchis de l'esclavage en 1856 –, en Bulgarie, Hongrie, Slovaquie, mais aussi en France et en Italie.
source Le Monde.fr avec AFP | 24.10.2012