Placé sous le patronage du Secrétaire d'État à la Défense et aux Anciens Combattants, Monsieur Hubert Falco, dévoilement d’une plaque honorant les déportés pour homosexualité à l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, aujourd'hui haut-lieu de la déportation et nécropole nationale.
En ce samedi matin, un épais brouillard planait sur le site de l'ancien camp de Natzweiler-Struthof pour accueillir représentants d'associations LGBTI, officiels, acteurs du monde de la mémoire et personnes venues de près ou de loin participer à un événement attendu de longue date : le dévoilement d'une plaque rendant hommage aux déportés pour motif d'homosexualité dans cet ancien camp de concentration, le seul sur le territoire français.
65 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un oubli de l'histoire officielle s'apprêtait enfin à être réparé.
D'abord accueillis au premier étage du Centre Européen du Résistant Déporté (CERD), non loin de l'entrée du camp, les participants se sont rassemblés et mis en rang devant le bâtiment vers 11h15, avant de prendre le chemin de la Fosse aux Cendres. Avant de pénétrer dans l'enceinte du camp, ils ont observé un moment de recueillement devant le Gisant.
Précédés par un tambour et clairon de la Musique militaire de la Région Terre Nord-Est, ainsi que d'un porteur de la Flamme de l'Espérance, des porte-drapeaux et officiels, le cortège a effectué en silence la descente vers le lieu du dévoilement, au seul son du tambour.
Rejoints par Rudolf Brazda, probable dernier survivant de la déportation au titre du paragraphe 175, les participants ont pris place sur l'esplanade surplombant la Fosse aux Cendres. Jadis, c'est dans cette fosse qu'étaient dispersées les cendres des détenus morts et incinérés au crématoire du camp. À son extrémité la plus éloignée se dresse le Mur du Souvenir avec en son centre une niche scellée contenant une urne de cendres. De par et d'autre, sur deux rangées ont été apposées diverses plaques commémoratives (image ci-contre)
En présence d'un piquet d'Honneur du 53ème Régiment de Transmissions de Lunéville, d'élus locaux et européens ainsi que d'anciens déportés, le dévoilement de la plaque a été effectué par MM. Yves Lescure, Directeur de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, au titre de déportés ; Philippe Couillet, Président de l'association Les "Oublié(e)s" de la Mémoire, maître d'œuvre du projet ; et Alexandre C., jeune homme victime d'exclusion et bénéficiant de l'assistance de l'association Le Refuge (délégation de Paris).
Pour marquer l'aspect symbolique de la commémoration de victimes homosexuelles du passé et de celles qui le sont aujourd'hui encore, c'est ce dernier qui a procédé à la lecture protocolaire du texte de la plaque. À l'issue de cette brève cérémonie, une gerbe a été déposée au pied de la plaque avant que le cortège ne se reforme pour prendre le chemin du Mémorial de la Déportation.
Le deuxième temps fort de cette journée fut le recueillement au pied du Mémorial de la Déportation, monument circulaire élancé qui évoque une flame stylisée et domine l'ensemble du site. Les porte-drapeaux s'y étaient disposés en arc de cercle alors que les représentant-e-s de toutes les associations LGBTI présentes furent invité-e-s à se joindre aux Président et Vice-Président des "Oublié(e)s" de la Mémoire pour y déposer une gerbe commune dont le ruban reprenait le texte de la plaque. Les gerbes déposées ensuite le furent pour la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, la Ville de Nancy et par la Sous-Préfète de Molsheim pour le Secrétaire d'État aux Anciens Combattants.
Cet hommage fut ponctué par une ensemble vocal qui a interprété a capella le Chant des Marais et la Marseillaise.
Le cortège s'est ensuite reformé à destination du CERD pour la signature du Livre d'Or puis les allocutions de :
- M. Philippe Couillet, Président des "Oublié(e)s de la Mémoire" ;
- M. Walter Krögner, député au parlement du land de Baden-Württemberg ;
- M. Philippe Bertaud, conseiller municipal, représentant M. André Rossinot, Maire de Nancy ;
- M. Yves Lescure, Directeur de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation ;
- Mme Emmanuelle Bochenek-Puren, Sous-Préfète de Molsheim.
Après le vin d'honneur qui s'en est suivi, les participants ont encore eu la possibilité de visiter le CERD ainsi que les installations de l'ancien camp.
Ceci concluait une journée historique et riche en émotions pour la communauté LGBTI, et qui a également trouvé un écho dans les médias locaux et nationaux.
La reconnaissance de la Déportation pour motif d'homosexualité a ainsi connu une avancée supplémentaire majeure, et ce grâce au travail fourni par notre association depuis près de quatre ans pour ce dossier.
Avec la plaque rendant hommage à Pierre Seel à Mulhouse, en mai dernier, 2010 est indéniablement une année majeure dans le combat de justice que nous menons et auquel il a été possible d'associer un grand nombre de personnes et d'associations, en France et hors de nos frontières.
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- Album photos comportant 150 photos réalisées par Yveline Ravel et Jean-Marc Ridet (droits réservés).